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Rolling Stones (The) - Sticky Fingers

Rolling Stones (The) - Sticky Fingers

La trajectoire des Rolling Stones a de cela d’inédit dans l’histoire du rock, c’est qu’en plus d’avoir perduré plus de 60 ans après leur création le groupe sera rentré dans la légende de leur vivant et l’on parle aujourd’hui d’eux un peu comme les survivants d’une race disparue. Tout avait commencé en 1962 lorsqu’ils avaient aiguisé leurs guitares sur des standards du blues. Le succès fut immédiat autant à cause de l’aura de Brian Jones, leur leader charismatique des débuts, que pour leur performance scénique et leur attitude de mauvais garçon.

Puis dans les années 60’s, ils surent avec talent s’émanciper en composant leurs propres chansons qui s’ornèrent d’enluminures et d’artifices dans l’air du temps. Jusqu’à suivre le sillon de leur compatriote du nord de l’Angleterre et sortir l’album « their satanic majesties request ». Un disque assez honnête pour réussir à l’écouter jusqu’au bout sans qu’un bâillement ne vous décroche la mâchoire à l’improviste, mais qui a dû en inquiéter (à juste titre d’ailleurs) plus d’un sur la suite de leur carrière.

Mais à la fin de l’année 1968, ils remirent les pendules à l’heure. Fini les égarements psychédéliques (les Pink Floyd étaient plus doués qu’eux pour ce genre d’exercice) et retour au blues qui leur allait si bien. A croire que du sang des habitants du Mississippi coulait dans les veines de ces Londoniens : Jagger-Richards rendant hommage au blues du Delta tout en créant le son du blues rock de la décennie suivante avec l’album « beggars banquet ». 

Suivra dans la foulée « let it bleed » à l’atmosphère poisseuse qui semble émerger d’un bayou. Une rare alchimie s’y dégage échappant à notre compréhension : cœur angélique féminin, voix éraillée et distanciée de Mick Jagger, piano de bastringue, arpège acoustique et violon survolant les marécages d’un temps lointain sur « midnight rambler ».

Le triptyque se terminera en 1971 sur « sticky fingers » qui nous intéresse aujourd’hui parce qu’il conclut parfaitement cette parenthèse enchantée du blues rock et qu’il faut bien en choisir un. Le groupe compte officiellement à la sortie de l’album un membre de plus : Mick Taylor qui avait déjà participé aux 2 précédents. Et Brian Jones s’en est allé depuis longtemps rejoindre le paradis des musiciens maudits. Ce qui peut expliquer cette résurrection.

« sticky fingers » s’ouvre sur l’emblématique « brown sugar » qui deviendra la quintessence du son stonien pour plusieurs générations avec son riff ravageur et son solo de saxo. Un titre que tout le monde a au moins une fois dans sa vie entendu. Que l’on habite au fin fond d’une jungle ou dans une grotte de l’Alaska. La suite n’est que prouesses sur des impressions de blues et de ballades mélancoliques comme sur « wild horses » magnifiée par la voix de Jagger.

Le blues rural de « you gotta move » obligerait presque les bluesmen originaux à faire allégeance à ces citoyens anglais aux teints blafards. Alors que le précédent morceau plus délayé « can’t you hear me knocking » s’était achevé par un étonnant et fluide solo de guitare. Le dansant « bitch » qui aurait pu être un tube s’il n’avait pas été qu’une simple face b du single « brown sugar » précède quant à lui « i got the blues » dont les cuivres et l’orgue confèrent au titre une profondeur inattendue. 

« dead flowers » s’offre un détour sur les chemins de la country et l’on semble un court instant s’ouvrir sur d’autres horizons avant l’introspectif et envoutant « moonlight mile » qui nous ramène sur les routes aventureuses du blues. Après l’album « exile on main st. », un autre opus réussi dans la même veine sortit un an plus tard, quelque chose se fissurera et la légende ainsi que la tournée des grands stades prendront le pas sur leur créativité. La magie n’opérera plus, mais le groupe aura néanmoins donné un temps ses lettres de noblesse à cette musique du fond des âges. 

 

 

         Autres albums conseillés :

         

 aftermath

         beggars banquet

         let it bleed

         exile on main st.

         singles collection/the london years

         get yer ya-ya’s out (live)

 

 

 


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