Blog littéraire et musical

Black Sabbath - master of reality

Black Sabbath - master of reality

Au début de l’année 1970 sortit un ovni musical sur le label « vertigo » : le premier album de Black Sabbath au titre éponyme. Dès l’intro de l’album, le groupe originaire de Birmingham s’était affranchi du blues pour créer ce qu’on appellera le doom. Un style à part entière. Un groupe à part, doté d’un tempo lent et d’un riff puissant amidonné de la voix terrifiante d’Ozzy Osburne. L’iconographie sataniste et l’ambiance angoissante sont déjà en place. Il n’y a qu’à voir la fantomatique jeune fille présente comme une image en surimpression à l’orée d’un bois devant un moulin sur la pochette de l’album. On l’eut dit sortie d’un film d’épouvante. 

Mais, c’est le 3e album que nous chroniquerons ici. Si les 2 premiers avaient établi les bases du metal. Celui-ci ira encore plus loin en étant les pères du Sludge. Pour les néophytes, une distorsion sonore. Dès l’intro, sur le morceau « Sweet Leaf » le riff répétitif et lent vous cloue au sol jusqu’à l’accélération du tempo avant qu’il ne retombe à nouveau dans les marécages boueux. Les paroles : une déclaration d’amour au cannabis. Rien ici de cabalistique.

Le deuxième morceau « After Forever » est presque pop, aussi léger que l’entrée en matière avait été plombant. Le refrain s’envole avant que la voix d’Ozzy nous rappelle à l’ordre. Nous ne sommes pas chez les Beatles. « Embryo », 29 secondes au compteur, une gigue médiévale servira d’intro au tonitruant « Children of the Grave ». La mélodie entraînante du susnommé s’interrompt à peine avant qu’elle ne reparte de plus belle. Tout cela avec des roulements de percussion et une basse omniprésente et bien sûr encore et encore la voix caverneuse de notre infatigable Ozzy, le point d’ancrage du groupe, sans qui rien n’aurait été pareil.

La seconde face de l’album ou le 5e morceau sur CD (les temps ont changé) s’ouvre sur des arpèges faisant penser à une promenade dominicale dans la campagne anglaise. Le morceau semble là aussi servir de préambule au suivant « Lord of this World » au tempo « doomesque » avec un final de guitare qui répond à la basse. « Solitude », une ballade hippie (nous sommes quand même au tout début de l’année 1970) tranche avec le reste de l’album. Elle prouvera que le groupe était capable de calme. Ce qui se confirmera par la suite à l’image du ton de l’album suivant appelé sobrement Vol 4. Une éclaircie dans les ténèbres. Une sucrerie susurrée sur des ondulations acoustiques. Puis viendront les forges de l’enfer. Le dernier morceau. La conclusion. Le final incarné par une basse.

Car une fois l’introduction passée, la basse du terrible « Into the void » vous cloue à nouveau au sol avec de surcroit l’écho de la vision d’une catacombe avant que le chanteur n’enfonce un peu plus l’auditeur non averti de sa voix gutturale et que la rythmique s’emballe. Elle ne retombe que lorsqu’on arrive irrémédiablement en apnée au bord de la suffocation. On aurait espéré que le morceau ne s’arrête jamais. Une succession sans répit qui se prolongerait jusqu’au bout de la nuit.

Le groupe deviendra mythique. L’aura crépusculaire qui se dégage de leur titre débordera au-delà de ce qu’on aurait pu attendre d’un combo sorti de nulle part. Il influencera des milliers d’autres qui iront piocher dans leur discographie sans jamais les dépasser. On pense néanmoins aux talentueux Electric Wizard. Les plus grands leur rendront hommage. Après eux, plus rien ne sera comme avant. Jamais un groupe, le Velvet underground mis à part, n’aura fourni un tel canevas pour les générations futures. Black Sabbath. Maitre de la réalité.

                                                                                     

 

Autres albums conseillés :

Black Sabbath

Paranoid

Vol 4

Sabbath bloody Sabbath

Sabotage


Laisse un commentaire